Après vingt-six ans au pouvoir le roi Aegon Targaryen, troisième du nom, est rappelé auprès de ses ancêtres. Son règne fut difficile, marqué par les restes de la Danse des Dragons. Les conflits entre ses vassaux, la mort des derniers dragons, les tensions avec Dorne : nombreuses furent les épreuves que lui envoyèrent les Septs.
L’annonce de sa mort se répand comme un voile triste sur le Royaume et rapidement le monde semble s’arrêter. De la Treille au Mur, des messes sont données en son honneur et lords et ladies se préparent à se rendre à la capitale pour un dernier adieu.
Certains de ses sujets jettent la faute sur les responsables des assassinats ayant eu lieu durant la retraite de la reine Alena à Pierremoûtier, lorsqu’elle y vint prier pour le salut de son époux. Accablés par le chagrin, ils voient dans la mort du roi une réponse des Sept à ces profanations.
Dans le nord du Bief un bruit circule, rappelant que septon Damartus, un homme de foi attaché à l’un des seigneurs de la région, avait prédit le décès royal sept mois auparavant. Sa prophétie faisait état de sept signes annonciateurs qui lui auraient été transmis.
Le prince Daeron est couronné le lendemain de la mise en terre de son père. Malgré son jeune âge, 14 ans tout juste révolus, le nouveau roi est un homme au tempérament fort qui contraste énormément avec l’image effacée qu’a laissée son père.
A la fin des festivités qui accompagnent le couronnement, le roi Daeron, premier du nom, annonce sa volonté d’achever la vision de son aïeul Aegon le Conquérant en soumettant la péninsule de Dorne.
Il appelle à lui l’ordre des chevaliers dragons, fondé avec l’aval de son père, pour chevaucher à ses côtés et être le fer de la lance de sa campagne militaire. Afin de mieux servir le roi et l’ensemble du royaume, l’ordre annonce renforcer les voeux des chevaliers, notamment d’abandonner toute prétention seigneuriale durant leur service en son sein.
Suite à la déclaration de guerre, le seigneur Daeron Velaryon, autrefois l’homme le plus puissant de tout Westeros, demande une audience publique au roi. Devant la cour médusée, il condamne alors la guerre contre Dorne, mettant en avant dans un discours aux accents de vérité des avertissements sur les conséquences d’une telle guerre pour la terre de ses ancêtres encore fragile malgré tous les efforts faits pour la reconstruction d’un royaume que la Danse des Dragons avait laissé exangue et meurtri.
Le roi Daeron Targaryen, après avoir encaissé le coup, renvoie sèchement son conseiller et, en lui suggérant de retourner à Lamarck, le destitue de ses fonctions. Puis il se tourne vers son oncle Viserys et, voyant son regard triomphant, ajoute que la sanction de son parent Daeron Velaryon tient lieu d’exemple pour tous ceux qui outrepasseront leur rang et leurs pérogatives.
Suite à cela le jeune lord Janos Grafton, un proche de sa majesté, prend la charge du maître des lois tandis que ser Rhaegar Baratheon, l’héritier des Terres de l’Orage, succède au vieux maître des navires, lord Runcel Redwyne.
A la demande de sa mère, la reine douairière Alena, le roi Daeron destitue messire Loram Cressey de ses fonctions de chambellan de la maison royale suite à son comportement impropre à un membre de la maisonnée royale lors de sa retraite à Pierremoûtier. Messire Hoster Pyne, un proche du roi, lui succède à cette charge.
A Port-Réal comme dans d’autres cours, on parle régulièrement de ser Karyl Dunnseern et de son nouvel ami, ser Wenceslas, le Boucher de la maison Norridge. Ils se seraient tous deux retrouvés autour de leur passion commune pour la guerre violente et sale. L’on murmure aussi que le seigneur Tyrell protégerait son favori, voire qu’il serait à l’origine de certaines des exactions. Ces rumeurs se taisent lorsque le seigneur Garth Tyrell arrive à la capitale pour renouveler son allégeance au roi.
D’autres seigneurs majeurs sont aussi victimes de railleries et bruits de couloirs. Le seigneur Edwyn Tully, qui n’a su maintenir la paix sur ses terres, est décrit comme lâche et prêt à tout pour ne pas facher le puissant seigneur Tyrell.
De son côté lord Gerion Lannister est présenté comme un homme dévoré par l’ambition, à l’image de sa famille. Les courtisans s’amusent à siffloter l’air entêtant de la balade de ser Gregor, ancien vassal de lord Lyonnel Lannister qui serait tombé victime des complots de la maison Lannister. L’on évoque aussi la titanesque armada que lord Gerion fait bâtir depuis son accession au Roc. Si elle se prépare aujourd’hui à voguer vers Dorne, beaucoup se demandent quel était le but originel de cette flotte ; attaquer Dorne ? le Bief ? se saisir par la force du titre de maître des navires au sein du conseil restreint ?
La maison Stark est relativement épargnée par les moqueries même si leur religion païenne, partagée par le grand argentier et sa famille, provoque chez certains mal-avisés un amusement passager.
De son côté le prince Aegon continue de faire parler de lui. Deux jeunes femmes issues de petite noblesse, Maerie Foxway et Jacenda Nolt, ont régalé les courtisans de Port-Réal en se disputant en public l’honneur d’être la favorite du prince sous le regard amusé de ce dernier. Au final les gardes ont du les séparer lorsque Maerie, une partie du visage marquée par les ongles de sa rivale, s’est jetée sur Jacenda avec la ferme intention de lui arracher une partie du sien avec les dents.
La majorité de la noblesse se retrouve à la capitale pour renouveler les serments de vassalité envers la couronne.
Lewys Piper, maintenant seigneur de la Boucle, attire beaucoup d’attention ; beaucoup à la cour ont entendu parler de son mariage ou de celui de sa soeur Cassyana. On le félicite pour avoir su redonner à la Boucle des couleurs et de la vie. L’on mentionne également les menestrels et les rhapsodes ayant fait pour certains des détours de plusieurs semaines pour avoir l’occasion de se produire devant le jeune seigneur.
Rougerive aussi est louée. Malgré la guerre et les drames qui ont secoué la maison Vypren, la traditionnelle fête de la truite s’y est tenue, toujours aussi grandiose et rocambolesque. Le seigneur Alaric Vypren et son épouse, bien établis à la cour royale, ne savent plus où donner de la tête tant sont nombreux les nobles cherchant à s’entretenir avec le grand argentier ou sa dame.
Beaucoup profitent du couronnement et des festivités qui suivent pour se retrouver. L’on peut voir ainsi que l’amitié qui lie les seigneurs Tyrell, Baratheon et Bracken est toujours bien forte. Certains sont surpris de voir le seigneur Tully s’entretenir longuement avec des puissants vassaux du Bief, comme les maisons Hightower, Florent et Crane. De même, malgré les tensions importantes entre la cour royale et celle du Roc, ser Daven Lannister est souvent vu en compagnie de la main du roi et du seigneur Arryn.
Sa sainteté Lucerian entretient également une petite cour lorsqu’il n’est pas auprès de la famille royale ou du Haut Septon.
Avant la déclaration de guerre, la défiance régnait déjà en maîtresse vis-à-vis de Dorne. L’officialisation du conflit enlève soudain toute retenue envers la population liée de près ou de loin à l’ennemi. D’un bout à l’autre du Royaume, les accusations d’espionnage, les dénonciations de complots et les vendettas se mettent à fleurir. Soudain, beaucoup de choses semblent faire sens ; le trafic de fausse monnaie dans les Terres de l’Ouest, les tensions sans cesse ravivées, les assassinats et les vols, tout pointe vers Dorne.
Les nobles ayant de la famille dans la péninsule se voient ostracisés et provoqués sous le moindre prétexte. Les légats et magistrats zélés traquent chez eux la moindre faute. Au sein du peuple, on ne s’encombre même pas d’accusations, le simple fait d’avoir commercé avec Dorne suffisant parfois pour avoir son échope pillée et ses filles violées.
La Citadelle des Mestres, appuyée par une partie de la Foi des Septs, condamne ces débordements injustifiés qui font un écho sinistre aux avertissements de l’ancien maître des lois. L’ordre des chevaliers dragons effectue quelques interventions armées, rappelant que la paix du roi s’applique toujours et que sans preuves ces exactions ne sont rien d’autres que meurtres, pillages et mensonges.