A Hautjardin, le seigneur Harlan Tyrell prit ses fonctions à l’issue de sa retraite religieuse. Son frère régent, ser Alleras Tyrell, quitta la vie publique en rejoignant la Garde Royale. Ainsi, à l’invitation du seigneur Commandant, il prit la suite de ser Roland Royce que sa blessure de guerre rendait inapte au combat.
Lord Harlan Tyrell reprit le choix de son frère de s’entourer de personnes compétentes pour l’aider dans ses fonctions. Le seigneur Leo Crane, son beau-père et fidèle allié, fut nommé censeur du Bief tandis que messire Edwyn Piper de la Boucle reprenait des mains de son fils la charge d’intendant. Sur les conseils de ser Alleras, il tendit aussi la main à ses opposants et plaça lord Parmen Rowan à la tête de ses armées, un mouvement audacieux justifié par la crise non-résolue à sa frontière sud.
Enfin, il demanda à pouvoir continuer d’être guidé par Sa Sainteté Thybaldine. Non seulement la Foi accéda à sa requête, mais elle insista pour que l’ensemble des directeurs de conscience de la Foi des Sept auprès des seigneurs majeurs soient des Saintetés.
Le Bief, une fois fini cette période de transition, commença à fleurir à nouveau. Avec le retour du printemps, l’orge semblait pousser comme les blés d’été. La paix retrouvée et la cour de Hautjardin animée par la resplendissante lady Mina Tyrell sortirent la région de son marasme hivernal. Messire Edwyn Piper, lui-même très enjoué, répétait à qui voulait le savoir que son grand projet de canal serait fini d’ici l’été.
Cependant, le retour du printemps fut aussi le retour des troubles dans le nord du Bief, encore une fois du fait de l’infâme maison Durwell. Provoquant ses voisins par une dispute économique - affectant notamment des accords de paix qu’elle avait avec la maison Carmont - et refusant de gérer les problématiques de brigandage le long de la route royale, la perfide famille s’attira le courroux des maisons Burnstow, Carmont, Dunnseern et Wythers. Seule la maison Orme, toujours fidèle à son allié malgré l'infamie, répondit à l’appel de lord Martyn Durwell.
Dès le début du conflit, messire Rickard Vypren de la Ferté choisit de fuir la queue entre les jambes pour plier le genou devant la maison Vance de Bel Accueil à laquelle appartenaient historiquement ses terres. Le régent de Bel Accueil, ser Marq Tully, par l’intermédiaire de son frère, messire Warren, refusa de recevoir cette vassalité sans l’accord explicite de son père. Toutefois, il proposa à messire Rickard de le prendre sous sa protection si ce dernier refusait de suivre son suzerain à la guerre.
Passé les premiers mouvements des forces attaquantes à l’ouest qui leur permirent de sécuriser l’arrière des territoires de la maison Durwell et de bloquer la maison Orme, le conflit devint très vite un affrontement entre les forces de lord Martyn Durwell, amputées de celles de messire Rickard, et celles de lord Aeron Dunnseern.
Si les deux généraux rivalisaient de compétence, la supériorité numérique jouait en la faveur de la maison Dunnseern. Lord Martyn Durwell dut alors se résoudre à des stratégies de plus en plus risquées. Il tenta même un double gambit particulièrement audacieux en envoyant un important corps armé faire une percée vers le commandement ennemi tandis qu’un deuxième, presque aussi important, chargeait les forces menées par ser Bane Dunnseern, le fils cadet de lord Aeron. En engageant l’immense majorité de ses troupes sur deux batailles qu’il ne pouvait pas gagner, le seigneur Durwell voulait sûrement précipiter la fin de la guerre en touchant la maison Dunnseern au cœur.
La première des deux batailles fut un véritable massacre, les troupes attaquantes se retrouvèrent rapidement encerclées et sans possibilité de retraite. Impitoyablement, lord Aeron Dunnseern écrasa son adversaire. Ser Bane, moins expérimenté que son père, eut des difficultés à endiguer les forces de son ennemi menées par ser Edrick Ironfist qui réussit à faire une percée jusqu’à lui. Là encore, les forces Dunnseern furent victorieuses mais ser Bane était tombé lors de l’imposante charge de cavalerie.
Ser Edrick Ironfist, désapprobateur de l’acharnement de son suzerain, décida de prendre le commandement des armées. Après cette double bataille, la guerre n’était plus qu’une formalité cependant le seigneur Aeron Dunnseern, dans un désir de vengeance légitime, continua à avancer avec un soin particulier sur les terres de son ennemi.
Lord Leo Crane finit par intervenir pour mettre fin à cette ordalie. Il a déclaré être prêt à céder les terres occupées par la maison Carmont, cette famille étant la principale lésée par le crime initial de la maison Durwell, cependant cela reste soumis à des tractations. De même, il reconnaît la demande de messire Rickard Vypren de vouloir rendre La Ferté à la maison Vance de Bel Accueil comme légitime, mais souhaite pouvoir rencontrer la maison Tully avant de se décider. En attendant de pouvoir statuer sur l’avenir des territoires occupés par les forces de la maison Carmont et de La Ferté, le censeur du Bief a décidé de commencer par arbitrer entre les belligérants vassaux de Hautjardin. A l’issue des négociations, il fut décidé :
A la cour de La Falaise, qui était connue autrefois pour être très vivante politiquement, lady Beth Westerling, libérée de l’emprise de son mari, a repris ses habitudes mondaines. Cette renaissance contraste avec la cour moribonde de Castral Roc, délaissée par son seigneur le maître des lois. On y reçoit des artistes, on y discute politique. La ligue de Vertu des Terres de l’Ouest qui avait apporté son soutien à lady Beth se rapproche de son cercle d’influence. A partir du retour du printemps, lady Beth Westerling se fit l’ambassadrice de sa maison et de son frère, lord Edwyn Tully, à la cour royale.
Entre la Dent d’Or, La Falaise et la cour du Roc, dame Sybell Lannister fait aussi beaucoup parler d’elle. La démonstration de son savoir faite à Fort Salt devant le roi a marqué les esprits. Une véritable passion pour les sciences naturelles et l’astronomie en particulier s’empare des dames de l’Ouest. Si la Citadelle encourage gentiment ce mouvement — après tout le savoir est une bonne chose — elle rappelle quand même que ces dames ont des rôles dans la société, fille, épouse, et que les sciences ne devraient pas être un passe-temps trop chronophage pour elles.
De temps à autres, dame Sybell quitte les Terres de l’Ouest pour visiter des bibliothèques lointaines et lire des ouvrages rares. Certaines familles, comme la famille Deddings qui la reçurent pour le mariage de lord Brynden et lady Alyssa, furent ainsi ravies de recevoir une si prestigieuse invitée.