GN Trône de fer : Un Jeu parmi les Ombres
Après cette paix vint l’Âge des Héros, qui débute à la signature du Pacte et finit avec l’invasion des Andals. Il s’agit d’une ère de paix et de prospérité, mais surtout celle où les plus grands héros de Westeros foulèrent le sol de leurs pieds. De nombreuses maisons majeures assoient leur fondation et cimentent leur gloire dans les hautes gestes de ces héros mythiques : la Maison Stark du Nord auraient été érigée par Brandon le Bâtisseur. La ruse de Lann serait à l’origine des riches Lannister de l’Ouest. Garth à la main dite verte aurait permis l’éclosion des Jardiniers, dont sont issus les Tyrells. On devrait à Durran Dieux-deuil la maison Durrandon - qui deviendra la maison Baratheon. Et selon les dires de marins, le Roi Gris installa sur leurs îles les Greyfer, desquels les Greyjoy prétendent descendre.
C’est aussi durant cette ère que les Premier Hommes adoptèrent les mêmes cultes que les Enfants de la forêt.
Quatre fois vingt siècles avant le règne d’Aegon Targaryen, l’Hiver vint. Le plus long, le plus terrible hiver que connut Westeros de mémoire d’Hommes : les légendes rapportent que le soleil disparut du Ciel, qu’une nuit sans fin débuta et que sous ce voile de ténèbres, les Autres envahirent Westeros à partir des terres lointaines du Nord, tuant tout ce qui se trouvait sur leur chemin et réanimant les corps de leurs victimes pour les ajouter à leur armée non-vivante. Toujours selon les légendes, ce cataclysme dura une génération ; les femmes devinrent infertiles ; une terrible famine ravagea les rangs des Premiers Hommes, qui échappèrent de peu à l’annihilation.
Après avoir fait ainsi bien peur aux petits enfants - pour les menacer de la venue des Autres s’ils ne mangent pas leur soupe à l’avenir, saltimbanques et nourrices concluent généralement la veillée par le récit de la Bataille de l’Aube : les Premiers Hommes et les Enfants de la Forêt auraient uni leurs forces pour combattre les Autres avec des armes en verredragon et, sous la conduite du Dernier Héros qui maniait une épée d'acier dragon (2), auraient repoussés les Autres jusqu’aux terres de glaces du lointain nord dont ils étaient issus.
Les plus brillants mestres s’accordent maintenant à dire que ce dut être un hiver un peu plus rigoureux que les autres, voilà tout, et que les Autres trouvent leur origine dans des faits d’anthropophagie, sans doute commis par quelques miséreux du Nord poussés aux dernières extrémités. La Vérité est maîtresse cruelle, qui s’accommode fort mal des fantaisies des contes, et plus d’un mestre a dû tuer l’étincelle de rêve brillant dans les yeux des plus jeunes en déchirant avec le glaive de la réalité le voile fragile des illusions enfantines. Tel est le prix de la science et du progrès.
Les soit disant Autres défaits, Bran le Bâtisseur - aidé, dit-on, des Géants et des Enfants de la Fôret - construisit le Mur, fortification monumentale constituée de glace et de pierre - et, dit-on encore, d’une ancienne magie, mais nul homme de bonne éducation n’ignore que la meilleure des magies est, de fait, celle de l’algèbre et de la géométrie. Le Mur avait pour but de protéger le royaume des Hommes des menaces venues du Nord - et en premier lieu, de ces tribus sauvages et cannibales qui ne rêvent que de rapines sur les fermes du sud, de profanation de moutons et de dévoration de femmes. Dans le même temps, l’ordre des frères jurés de la Garde de Nuit fut fondé. A l’heure où j’écris ces lignes, ces hommes en noirs, pour la plupart ancien violeurs, voleurs, meurtriers, observent toujours leurs vœux et tiennent, attachés à leur mur, la frontière septentrionale du royaume et de toute civilisation.
