Le Conflans

Description - Territoire - Histoire

L'histoire de cette région est une succession de conflits, de guerres et d'invasions. Si l'on excepte le Neck, ce territoire n'a pas de frontière facile à défendre et sa position de carrefour en fait une proie de choix. Ce fut donc à maintes reprises un gigantesque champs de bataille.

Colonisé par les Premiers Hommes pendant l'âge de l'Aube, le Conflans aurait d'abord abrité les plus violents conflits avec les enfants de la forêts, jusqu'à ce que le pacte de l'île aux Faces mette fin aux hostilités. Dans les millénaires qui suivirent, les Rois des Rivières et des Collines se succédèrent et se disputèrent le territoire, en particulier les Blackwood, les Bracken et, pour finir, les Mudd, qui réussirent à unifier le Conflans, mais furent les derniers seigneurs issus des Premier Hommes à y régner. L'invasion des Andals mit en effet un terme à cette lignée et eux aussi virent se succéder plusieurs dynasties réclamant le territoire. On citera en particulier les Teague, les Fisher et les Justman. Mais le dernier roi natif du Conflans fut tué par les envahisseurs des Terres de l'Orage 360 ans avant l'arrivée d'Aegon. Leur emprise ne fut toutefois pas plus pérenne que celle des dynasties précédentes.

Un siècle plus tard, le Roi de Fer Harwyn Hardhand établit son royaume des Iles de Fer au Conflans en chassant les rois de l'Orage. Son petit-fils, Harren le Noir est entré dans l'histoire comme le premier roi défait par Aegon lors de la Conquête. Il était très impopulaire au moment de l'invasion et Aegon reçut le soutien de nombreux seigneurs du Conflans, menés par Edmyn Tully. Harren s'enferma dans la puissante forteresse d'Harrenhal, symbole de sa richesse et puissance, récemment achevée. Il espérait contraindre le Conquérant à un siège long et coûteux, mais découvrit à ses dépends la puissance des dragons. Depuis cette victoire, les Tully gouvernent le Conflans, comme vassaux des Targaryen.

Cette histoire reste présente dans les nombreuses vendetta et rancunes qui meurtrissent la région, comme on peut le sentir dans le témoignage suivant.


"Chiennerie de Conflans. Y’a pas à dire : le coin a bien mérité son surnom de pays de la Boue. Aussi longtemps que j’y ai traîné mes chausses, ça n’a a été que ça tout du long : de la boue, de la boue et encore de la boue, parfois mêlée de fange, de limon et, quand j’avais de la chance, d’une bonne dose de merde.

Chiennerie.

Remarquez, je m’estimais plutôt heureux parce qu’à l’époque où j’arpentais le pays, ceux qui n’avaient pas les orteils dans la flotte les agitaient au gré du vent à quelques pieds de haut : c’est que les gibets n’étaient pas rares et les bougres qui s’y balançaient pas beaux à voir. En général c’était l’odeur de décomposition qui frappait en premier, quoique parfois celle de brûlé lui faisait concurrence : les routiers qui s’occupaient des habitants aimaient bien leur passer les membres au feu, histoire de s’assurer qu’ils n’avaient pas enterré un peu de ferraille précieuse quelque part. Et puis après l’odeur, c’était la vue, les restes des vieillards, hommes, femmes et enfants s’agitant comme des poupées pour corbeaux.

Le Conflans : un lieu où il fait bon vivre, pour sûr.

Faut dire que quand on vient de Port-Réal comme mymestre, on n’a pas trop l’habitude de se traîner dans ce genre de charmantes contrées. J’avoue que dans la grande ville, question titillement olfactif, on n’est pas mal servi du tarin, mais au moins ceux qui répandent la merde ont le bon goût d’être vivant, et le sang qui circulent dans le ruisseau est plus souvent celui des boeufs arrivés aux abattoirs que celui de braves citoyens bipèdes.

Enfin, comme on dit à Villevieille : on ne choisit jamais où on va vous envoyer (enfin, si j’osais, y’a des rumeurs qui disent que...mais je ne vais pas digresser). C’est comme ça que je me suis retrouvé affecté au service de Lord Marshlight, banneret de la maison Blackwood. La région avait déjà pas mal dérouillé pendant la Guerre Civile, mais elle n’eut guère de temps pour panser ses blessures après qu’Aegon III se fut mis sur le trône. Des deux côtés, y’avait eu salement des pertes et ça échauffait les caboches aux réunions de familles. C’est que la région était riche en vieille histoire et en rancune de conséquence. Les Blackwood, par exemple, sont une dynastie de Premiers Hommes, occupants des terres après les Enfants de la Forêts, dont on voit encore la flore décorée et pleurante sur l’Ile aux Faces. Elles n’étaient guère nombreuses les maisons de ce temps-là à être restée dans les mémoires : je peux citer les Brackens qui depuis sont passés aux Sept, et les Vypren, qui eux sont plutôt du genre à pas lâcher les traditions. J'ai lu des écrits sur les Mudds aussi, mais on ne les trouve plus guère ailleurs que dans les livres justement : massacrés jusqu'au dernier, ils ont eu des rois au Conflans, et un qui a nourri les légendes, puisqu’il paraît qu’il a versé le sang des envahisseurs Andals pendant cent batailles au milieu de sa gadoue, le souverain Tristifer. Pas de chance : la centième fut la mauvaise. La seule qu’il a perdue, et celle où il est mort. L’Etranger est joueur.

C’est des Andals qu'est issu mon Lord Marshlight. Encore une vieille famille et qui en est consciente. Mais ce n'est rien à côté de bourriques comme les Blackwood, qui n’ont pas encore digéré que des estrangers aient débarqué pour régner sur leurs terres. Et pourtant, c’était y’a soixante siècle. Ah, c’est qu’ils ont la rancune tenace ici. Mais ils font du bon petit rouge, ça, je ne peux pas leur enlever.

Où en étais-je ? Ah oui, les envahisseurs et l’esprit de revanche. Eh bien ils l’ont eu, leur revanche, tous les ancêtres des messeigneurs : d'abord quand les rois de l'Orage ont fait une visite de courtoisie à leurs voisins du Trident. C'est qu'ils ne se sont pas privé de les exterminer, les Fisher, Teague et Justman. Ensuite, ce sont les Fers-Nés qui sont venu marchander à leur manière : du bon accueil que leur fit les Orageux, il ne reste guère plus que les Vance pour en parler ; les autres sont repartis fissa d'où ils venaient. Enfin, les derniers des Premiers Hommes ont pu continuer de ricaner quand Aegon a débarqué avec ses dragons pour fondre littéralement le dernier rejeton ferreux, Harren le Noir. En rejoignant Lord Marshlight, je suis passé par Harrenhall, le château du susdit. Ça donne froid dans le dos : de la bonne et solide pierraille de bâtisseur, toute fondue comme de la vulgaire cire. Comme dirait Mestre Umbert, c’est pas fâché qu’ils aient disparu ces oiseaux-là plein d’écailles. Adieu Orage, Fernés, vaches, cochons. Mais avec une histoire pareille, après la Conquête, les Tully mis sur le trône du Conflans par les Targaryens, ils ne pouvaient pas faire taire toutes les vieilles rivalités, et ce n'est pas la dernière guerre civile qui a arrangé les choses. Justement les Blackwood avaient un compte à régler avec les Brackens... Une histoire de cousin Bracken de la Ruffurque qui aurait engrossé une petite-nièce Blackwood puis refusé de l’épouser ensuite. Mais on dit que c’est surtout les collines couvertes d’orges possédées par le cousin Bracken qui avait intéressé l’oncle Blackwood. Et c’est comme ça que les bans furent convoqués, et que je me suis retrouvé la nuit à dormir dans des vals infestés de sangsues et de vaches crevés ; que je me suis retrouvé, le jour, à patauger dans le cloaque des Trois Rivières et à recoudre des types dont les intestins se prennent pour des anguilles. Sans compter les corbacs dont fallait que je m’occupe en espérant qu’ils iront bien à destination sans trop s’arrêter pour casser la croûte sur la viande faisandée d’un gibet.

Et maintenant, les Marshlights ont rejoint les Chenu, les Teagues et tous les autres, spectres des Bousières et des Collines, et mymestre, il se retrouve à errer sur les routes, parce que c'est pas Villevieille qui va lui assurer les vieux jours.

Ah, le Conflans !

Quelle chiennerie.

Relation de mestre Curien